Societas Angliciis « Societé Anglaise »,
Compagnia Bianca « Compagnie Blanche »,
Compagnia Bianca del Falco « Compagnie Blanche du Faucon »,
sont les noms d’une compagnie di Ventura1 fondée par les condottiere2 John Hawkwood et Albert Sterz et composée majoritairement de mercenaires étrangers ayant sévi principalement au sud de la France et en Italie à la fin du XIVe siècle.

Une guerre fait rage entre les Anglais et les Français, guerre que l’on connaît sous le nom « guerre de cent ans ». Nous sommes en l’an 1360, une paix semble se profiler à travers un traité établi entre les deux grandes puissances. Le traité de Bretigny offre une trêve de 9 ans à la guerre, mais cela prend des conséquences plutôt inattendues… C’est lors de ce cessez-le-feu que l’armée anglaise, composée de mercenaires, se retrouve dissoute. John Hawkwood, fils de tanneur et Anglais né vers 1323, participant à la guerre de cent ans sous les ordres d’Édouard III et Albert Sterz, marquis allemand, venu soutenir les anglais lors de la guerre en France, se retrouvent donc sans chef de guerre et sont amené à créer l’une des plus grandes compagnies de mercenaires : la compagnie Blanche.
La compagnie Blanche est composée majoritairement d’Anglais, d’Allemand et d’Hongrois rescapés de la guerre de cent ans. On dit que son nom viendrait du fait que les harnois et les surcots des soldats étaient de couleur blanche, mais aucune source historique n’a encore pu le confirmer. À ses débuts, la compagnie est composée de plus ou moins 2000 lanciers, mais sa force principale vient du fait que l’archer est privilégié à l’arbalétrier et que les chevaliers combattaient pied-à-terre, pour éviter que les chevaux ne se fassent tuer.

Durant deux ans, la compagnie dévaste le sud de la France et particulièrement la Provence. C’est après cette campagne qu’elle se dirige en Italie où elle est sollicitée par le marquis Jean II de Montferrat pour affronter la grande famille des Visconti dirigé par Galléas II. De nombreux villages sont détruits durant les batailles menées par les mercenaires et cela provoque des famines et une propagation importante de la peste.
Le 22 avril 1363, la bataille de Canturino fut un affrontement entre la Grande Compagnia de Konrad von Landau, une autre compagnie de condottiere, et la Compagnia Bianca. Le combat fut soldé par la victoire de Albert Sterz, chef de la Societas Angliciis, grâce notamment à l’abandon des Hongrois dans les rangs adverses et d’un coup au visage sur leur commandant dû à une pierre, dont il décéda de la suite de ses blessures.
C’est suite à cette victoire, que la Compagnia Bianca écrase les régions de la Valdinievole, Prato et la région allant du Mugello à Pistoia. Elle passe également à la solde de Pise avec des effectifs de 3 500 cavaliers et 2 000 fantassins. Les alentours de Florence sont dévastés mais la ville n’est pas conquise. Les victoires sont brèves, un an plus tard, l’avenir de la compagnie se joue…
Le 28 juillet 1364, la bataille de Cascina a lieu sur les bords de l’Arno. Une grande bataille qui s’affronte l’armée de Florence contre l’armée de Pise, mené par John Hawkwood.
Hawkwood comprend que l’attaque surprise a échoué et pour ne pas risquer de perdre la totalité de sa Compagnie, il fait replier le gros de ses troupes anglaises sous les murs de San Savino.
Extrait de la chronique de Filippo Villani (1325-1407)
Cette défaite met fin à la collaboration entre Albert Sterz, qui préfère recréer une nouvelle compagnie « la Compagnia Della Stella », et John Hawkwood reprend seul les commandes de la Compagnie Blanche en 1365. Toujours à la solde de Pise et armé de ses 5000 hommes, la compagnie va continuer de livrer bataille contre les Florentins, puis des Visconti de Milan. La compagnie va acquérir au fur et à mesure que le temps passe une bonne réputation et malgré ses succès variables, John Hawkwood sait faire profit des divers événements politiques.
Pendant ce temps, Albert Sterz subit de lourdes défaites avec sa nouvelle compagnie. Il est fait prisonnier, en 1365, avec une bonne partie de ses hommes. Il se fait libérer après une paix entre Pérouse et le royaume de Naples, ainsi que les États pontificaux pour qui il travaillait. Albert Sterz et ses hommes sont finalement engagé par Sienne pour faire face aux attaques de son ex-compagnie, la compagnie Blanche ! En infériorité numérique, il doit battre en retraite. C’est en 1366 que Pérouse engage la compagnie Della Stella pour affronter les états pontificaux, mais les Pérugins se méfient d’Albert Sterz quant à sa fidélité et préfèrent l’arrêter et l’exécuter.

En mai 1373 a lieu la bataille de Montichiari, opposant la ligue pontificale de Grégoire XI et les Visconti. Les capitaines pontificaux sont rejoints, notamment, par John Hawkwood et Enguerrand de Coucy. Le 7 mai, l’armée Visconti surprend l’armée pontificale et amène Enguerrand de Coucy à contre-attaquer. Malheureusement, cela fait tourner la bataille en défaite vu la supériorité numérique des Visconti. Mais Hawkwood et Amanieu de Pomiers ont contraint une partie de l’armée Visconti à faire retraite vers Crémone. Le 8 mai, la Ligue transforme sa défaite en victoire. C’est John Hawkwood et sa Compagnie qui surprennent les troupes viscontiennes en s’avançant à découvert et en désordre sur le pont de bois du Chiese. Rejoints par plusieurs hommes de haut rang, les 600 pontificaux écrasent les forces milanaises. Dans ce carnage, sont capturés des connétables qui paieront pour leur rançon, mais Jean-Galéas Visconti réussit à fuir. Suite à cette victoire, Hawkwood et sa Compagnie se retirent à Bologne.
Alors que Hawkwood lui conseillait la modération […] Rien ne fut respecté, ni l’âge ni le sexe. Vieillards, enfants, infirmes, hommes, femmes, nul ne fut épargné.
Sylvestre Budes et les Bretons en Italien, chapitre III – Le sac de Césène
En février 1377 a lieu le massacre de Césène. Une milice composée de mercenaires bretons, dirigée par Hawkwood, sous les ordres de Robert de Genève, futur antipape Clément VII, marche vers Césène, ville qui refuse son incorporation dans les Etats pontificaux. La ville est composée principalement de civil, ce sont 4000 hommes et femmes qui furent anéantis par les forces de Robert de Genève, dit « le boucher ». La compagnie Blanche change de nouveau de camp pour combattre au coté de Florence, le conflit dure trois ans et se termine par une trêve. Suite à cela, la compagnie se fait un peu oublier…
En 1387, la compagnie Blanche refait son apparition et atteint la notoriété qu’elle connaît actuellement. La bataille de Castagnaro est devenue aussi connue que celle de Crecy ou de Poitier. Hawkwood et sa compagnie, au service de Padoue et s’opposant aux forces de Vérone et de Venise, se voient contraints, après deux mois de siège sur la ville de Vérone, de faire demi-tour, car il allait être coupé de ses vivres et de sa réserve d’hommes. Les soldats Véronais le poursuivent et le rattrapent à Castagnaro près d’une zone marécageuse. Hawkwood la remarque et ordonne à ses troupes de se préparer en descendant des chevaux pour combattre à terre et en plaçant discrètement ses archers sur les flancs tout en contournant le canal dans leur dos. Il laisse les soldats Véronais charger, en vain. Ils s’enfoncent et n’arrivent pas à rejoindre les lignes ennemies et les pluies de flèches des soldats anglais les mettent en difficultés. John Hawkwood envoie sa réserve et écrase le reste de l’armée Véronaise.

John Hawkwood, toujours à la solde de Florence, devient commandant en chef de l’armée Florentine à partir de 1390 et repousse les attaques continues des troupes de Jean Galeas Visconti.
C’est en mars 1394 que la compagnie Blanche s’éteint, suite à la mort de John Hawkwood, devenu citoyen Florentin et ayant pris le nom de « Giovanni Acuto ».

Malgré le fait que nous voulons une compagnie basée sur une historicité la plus proche de la réalité, nous nous sommes permis quelques libertés. En effet, nous situons la compagnie en 1387, date de la bataille de Castagnaro, mais nous laissons un battement de dix ans entre les dates de 1377, année de la collaboration entre Ludwig von Landau et John Hawkwood, et 1387, date de la fameuse bataille de Castagnaro, pour laisser la possibilité à nos membres de s’habiller à la mode de l’époque un peu plus librement.
- Compagnia di Ventura : troupe mercenaire organisée et guidée par un condottiere.
- Condottière : chefs d’armées de mercenaires.

Il y a un événement décisif dans l’histoire de Cesena : c’est le « sac des Bretons », qui eut lieu entre le 1er et le 3 février 1377 ; trois jours de sang au cours desquels des milliers de personnes ont été massacrées (on parle de plus de 4000 morts, soit environ les deux tiers, au moins, de la population). Pour effectuer le massacre, à la demande du cardinal Robert de Genève (défini comme « slaughterer caesenatum »), la Compagnie des Bretons dans son entourage ; mais à côté d’eux se trouvaient les troupes mercenaires du capitaine de fortune anglais John Hawkwood (également connu sous le nom de Giovanni Acuto, selon la version italianisée de son nom).
Le livre « John Hackwood in Romagna (1376-1381) » signé par le jeune érudit des Marches Giorgio Godi et publié par la Romagnoli Studies Society est dédié à la figure de ce leader venu d’outre-mer et au rôle qu’il a joué dans les événements de notre maison.
Avec ce texte, Godi reprend et approfondit le sujet de son mémoire de maîtrise en sciences historiques (obtenu à l’Université de Bologne en 2014), enrichissant son travail par l’examen de documents inédits conservés dans les collections d’archives de diverses villes italiennes, d’abord parmi tout Modène et Mantoue.
Un chapitre important est consacré au massacre de Cesena, qui représente sans doute la page la plus noire de la carrière de Hawkwood en Italie, même si certaines sources d’information tendent à alléger ses responsabilités dans l’affaire. C’est ce que démontre un épisode – on ne sait à quel point fondé – rapporté par un chroniqueur de Ferrare, selon lequel le chef anglais, en plein massacre, aurait aidé à la fuite d’un millier de femmes de Cesena pour les sauver de la férocité des Bretons. Et peut-être même ce détail a-t-il contribué à alimenter cette réputation de mercenaire – gentleman dont Hawkwood a longtemps joui auprès de nombreux auteurs, notamment britanniques.
William Caferro parle du massacre de Cesena dans son livre intitulé « John Hawkwood: An English Mercenary in Fourteenth-Century Italy ».
Stephen Cooper a écrit tout un chapitre dédié aux atrocités perpétrées par la compagnie-blanche en Emilie-Romagne, dans son livre intitulé « Sir John Hawkwood: Chivalery and the Art of War ».